Le Paléolithique supérieur européen

L'économie

L’homme moderne, en Europe steppique et froide, possédait une alimentation fondée sur les calories et les vitamines animales, disponibles en abondance. La sécheresse des vastes espaces ouverts facilitait l’alimentation des grands troupeaux d’herbivores : chevaux, rennes, bisons, aurochs, mammouths. Cet environnement, avec la faune qu’il contenait, fut extrêmement favorable aux populations prédatrices qui y vivaient. Les compléments végétaux ne pouvaient guère être substantiels dans un paysage où les forêts sont rares (le long des cours d’eau) et où la sécheresse et le froid réduisent le développement des baies et racines consommables. Ce fond alimentaire pouvait varier selon les saisons car les étés, aussi longs qu’aujourd’hui, pouvaient inverser ce cycle reproductif.

Par ailleurs, les ressources aquatiques furent exploitées en abondance, surtout vers la fin de la période, où on assiste à l’utilisation de harpons et de foënes. Mais la chasse fut surtout une affaire de prestige et de rang social, comme elle l’est forcément dans toute société prédatrice et même comme elle le reste encore aujourd’hui. L’adolescent doit passer d’un statut purement biologique à celui d’un être totalement social : ses performances à la chasse autorisent cette métamorphose. Mais le statut du gibier fut lui aussi respecté car il doit se maintenir en abondance afin que les sociétés humaines simplement subsistent.

Des règles très complexes assortissent le prélèvement du gibier dans toutes populations actuelles. Les données archéologiques témoignent du même soin : certains individus seulement furent abattus, et leurs restes furent soigneusement répartis au retour, aux camps de base. Déjà comme les composantes de l’habitat l’attestaient, le réseau d’emprise sur le paysage passait aussi par les procédés de chasse, les éclatements périodiques du groupe, leurs déplacements au fil des migrations saisonnières et de l’indispensable renouvellement des ressources. Un tel « filet » manifestait une emprise accrue sur les ressources qui, à terme, pouvait être fatale à leur rythme reproductif.

MODERNE (Homme, anatomie) : dont la morphologie anatomique est stabilisée par rapport aux contraintes mécaniques dues à la bipédie.
HARPON : instrument de chasse dont la tête, reliée au fût par un lien, se détache lors de l'impact avec la proie, et utilisé pour la prédation en milieu aquatique.
FOËNE : trident composite fait de pointes barbelées assemblées en une hampe.
HABITAT : mode de répartition des habitations et des lieux d'activités particulières (abattage, acquisition des matériaux) sur un territoire.