L'habitat
Les populations à l’anatomie moderne se sont progressivement installées en Europe à partir de 40.000 ans, en pleine période glaciaire, où l’environnement de steppes froides dominait. Ces peuples se sont organisés en réseaux immenses étendus à l’échelle du continent. Les matériaux échangés en témoignent, comme la communauté des styles techniques et des systèmes mythologiques attestés dans leurs arts. L’extension de l’habitat témoignait d’une même souplesse et d’une même intensité.
La répartition des activités jetait un filet culturel sur le paysage sauvage. Sites d’abattages, de distribution ou de rituels s’y sont différenciés à toutes époques, selon des modalités propres à chaque tradition culturelle. Ainsi, les aménagements relatifs aux habitations, elles-mêmes furent réalisés aux conjonctions de diverses variables dont la mobilité (abris dispersés et légers), les ressources régionales (roches, ossements, fibres végétales, peaux), les critères démographiques et les fonctions à rencontrer localement. Par exemple dans les plaines orientales, dépourvues d’abris rocheux naturels. Les ossements massifs laissés par les carcasses des mammouths furent utilisés pour bâtir des cabanes solides, parfois énormes et utilisées périodiquement, au gré des migrations.
A l’ouest au contraire, les abondants surplombs rocheux creusés au bas des falaises calcaires ont constitué des abris directement disponibles, vastes, bien orientés et à proximité immédiate des points d’eau, donc des accès aux autres ressources.
Entre ces deux extrêmes, toute la gamme d’habitats mobiles furent conçus et utilisés selon les circonstances : les peaux furent tendues sur des faisceaux de tiges végétales, des auvents emboîtés protégeaient les foyers, les activités et les familles assemblées. Les traces de rituels se trouvent concentrées aux fonds des vastes grottes où les récits mythiques s’étalaient sous forme d’images somptueuses (Chauvet, Lascaux). Mais les rites (initiation, chamanisme) s’exerçaient aussi dans de plus grands abris construits au sol et à volume dédoublé : une vaste aire cylindrique surmontée d’un toit en cône aplati, sur le modèle des Yourthes asiatiques actuelles. En Europe centrale les abris furent souvent à demi-creusés dans le sol, entourés d’ossements pour les parois et couverts de super-structures légères (matières végétales).